La première fois que j’ai lu un article qui expliquait, sur la base d’une étude sérieuse, que les femmes prennent de meilleures décisions financières que les hommes, j’ai été surprise. Puis, déçue. En effet, si cette information est connue, pourquoi toutes les sociétés d’investissement et les banques ne s’empressent-elles pas de remplir leurs postes de direction avec des candidates ? Pourquoi ai-je croisé si peu de femmes dans ce domaine tout au long de ma carrière professionnelle ? Et puis, bien sûr, j’ai été déçue, car je me suis souvenue que les preuves ne suffisent pas à changer les représentations sociales. Pourquoi les femmes sont-elles de meilleurs investisseurs que les hommes ? 1. Les femmes effectuent moins de transactions… … Et chaque transaction entraîne des frais. Certains coûts peuvent sembler dérisoires, mais en tenant compte des intérêts composés, une différence de 1 % sur plusieurs années érode véritablement votre capital. Une étude réalisée à Berkeley a montré que les investisseurs trop confiants – ceux qui pensent qu’ils peuvent analyser les titres ou les mouvements de marchés et essayer de prédire ce qui va se passer – négocient plus fréquemment et obtiennent en fin de compte des rendements inférieurs. Neil Stewart, professeur de sciences comportementales, a mené cette étude à Warwick selon laquelle les investisseuses effectuent en moyenne 9 transactions par an contre 13 pour les hommes. Sur une période de trois ans, les femmes avaient ainsi obtenu de meilleurs résultats que les hommes, et avaient également battu l’indice FTSE 100. La performance moyenne des femmes était d’environ 1,2 % de plus que celle des hommes. Cette tendance à mieux faire remonte au début des années 1990. Une étude, menée par l’université de Californie à Berkeley sur 35'000 comptes et sur une période de 6 ans, a révélé que les femmes généraient des rendements supérieurs d’environ 1 % par année à ceux des hommes. Une autre étude, réalisée cette fois par Hargreaves Lansdown, a démontré que les investisseuses obtenaient en moyenne 0,81 % de plus que les hommes sur une période de trois ans. Hargreaves note que si cette tendance devait se maintenir sur une période de 30 ans, cette petite différence, grâce aux intérêts composés, représenterait un capital de 25 % de plus en moyenne. 2. Les femmes sont moins sujettes à réagir émotionnellement face aux fluctuations boursières Les femmes ont tendance à conserver leurs placements plus longtemps. Elles réagissent moins fortement face à une baisse de valeur. Le Financial Times explique que la durée moyenne de détention d’un fonds est de 8,3 ans pour un homme et de 10,7 ans pour une femme. Fidelity a examiné plus de 8 millions de comptes. En conclusion, les femmes sont de meilleures épargnantes et obtiennent des performances plus élevées que les hommes en moyenne. L’étude suggère que les hommes sont plus impulsifs et moins disciplinés. Le secret pour constituer un patrimoine financier est d’avoir un plan solide, d’épargner régulièrement et surtout de garder la tête froide afin de ne pas se laisser influencer par le bruit (les médias) et les émotions. Cela implique de ne pas paniquer quand les choses ne se déroulent pas comme prévu (baisse des marchés) et aussi de ne pas se laisser emporter par un ego démesuré quand les choses vont bien (marché haussier). 3. Les femmes diversifient plus L’étude de Warwick a également révélé que les femmes investissent plus facilement dans des fonds plutôt que des actions individuelles. En investissant dans des fonds variés, elles répartissent leurs investissements sur un plus grand nombre d’entreprises, de secteurs et de contextes géopolitiques. De cette manière, elles subissent généralement moins de pertes. 4. Les femmes créent des entreprises plus rentables Selon une étude américaine menée par Mass Challenge, les femmes ont plus de peine à lever des fonds pour financer leurs entreprises. Pourtant, les études montrent continuellement que les entreprises fondées ou gérées par des femmes (ou par des conseils d’administration mixte) génèrent des revenus supérieurs à celles uniquement gérées ou fondées par des hommes. Ces chiffres sont confirmés par une étude menée en 2014 par Crédit Suisse. Concrètement, les start-up (co)fondées par les femmes convertissent chaque dollar investi en 78 cents de profits contre 31 cents de profits pour les start-up (co)fondées par les hommes. Ceci est valable également pour les gouvernements. Une étude de la Northwestern University sur les dirigeants de 139 pays a mis en avant que les pays dirigés par les femmes ont une croissance économique (PIB) plus importante de 6 % en moyenne que les pays dirigés par les hommes.
5. Les femmes sont plus impartiales dans leur analyse des informations Des recherches menées par Mohsen Javdani (un homme !) ont montré que les femmes économistes sont 40 % moins biaisées que leurs homologues masculins. Ces recherches, qui s’étendent sur plusieurs décennies, ont amené M. Javdani à affirmer sans équivoque que le meilleur moyen de réparer l’économie est de recruter davantage de femmes. Pour en savoir plus sur les biais en économie, je vous encourage à regarder cette vidéo. Les preuves démontrent sans aucune ambiguïté que les investisseuses sont plus impartiales, plus disciplinées et plus rentables que les hommes. Malgré cela, le MSCI World compte plus de PDG appelés John que de PDG féminins. Ce constat me désole et je vous avoue ne pas avoir la solution à ce problème. Néanmoins, je suis convaincue que la connaissance peut être un solide pouvoir. Alors, partageons ces informations au plus grand nombre pour que les choses changent.
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