Les services financiers ont une grande influence sur l’environnement
En finançant les entreprises qui polluent, les banques participent indirectement, mais activement, au réchauffement climatique. En sus de ce financement direct, les services financiers, via les investisseurs, soutiennent également les activités économiques de ces entreprises « sales » via les placements boursiers. En achetant des actions et/ou obligations de ces mêmes entreprises, elles amplifient leur financement. Vous me direz que les banques proposent de plus en plus de solutions d’investissement « vertes », durables, socialement responsables, éthiques, mais investir dans le « vert » devient un jeu à somme nulle si le soutien aux activités « brunes » (dites polluantes) ne diminue pas. Les banques sont pourtant en mesure de jouer un rôle essentiel positif en redirigeant ces flux financiers vers des entreprises « vertes », telles que des centrales solaires, des éoliennes ou des centres de production d’énergies renouvelables. Le secteur financier suisse est cependant loin de cette transition. D’après la Chambre de l’économie sociale et solidaire à Genève, « la quantité de gaz à effet de serre qui peut être attribuée aux seuls fonds de placement en actions est équivalente aux émissions annuelles de la Suisse ». En 2017, selon Greenpeace, Crédit Suisse et UBS ont financé pas moins de 93,9 millions de tonnes d’équivalents de CO₂ via le financement de 47 entreprises, soit le double des émissions de gaz à effet de serre de toute la population et de toutes les industries de la Suisse. Chez nos voisins, la situation n’est pas bien plus réjouissante. Selon le rapport d’Oxfam, si les six principales banques françaises continuent de financer les entreprises comme elles le font actuellement, cela conduira à un réchauffement de plus de 4 °C d’ici à 2100. Le crédit aux entreprises actives dans le secteur du pétrole et du gaz représente à lui seul plus de 40% des crédits aux entreprises en France. Actuellement, aucune autorité ne prévoit de contraindre les banques à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Au niveau européen, l’accord de Paris sur le climat, conclu en 2015, consiste à harmoniser les flux financiers internationaux conformément aux exigences de réduction des émissions de gaz, et à soutenir un développement économique supportable pour le climat. Malgré cela, une obligation de transparence sur l’empreinte carbone des banques ne verra probablement pas le jour avant 2023 ! Pourtant, tout n’est pas encore perdu En Suisse, la Banque Alternative, en partenariat avec South Pole Group, est la première banque suisse à analyser et communiquer l’empreinte carbone de ses activités de placement. Depuis 2018, UBS a baissé de 41% ses crédits aux entreprises à forte intensité de carbone. La plateforme Yova permet aux investisseurs d’avoir un réel impact en sélectionnant des placements durables. Vous aussi pouvez investir de manière responsable. En France, il existe une application (Rift) qui mesure l’impact de votre argent. Par exemple, vous pouvez évaluer qu’en déposant 1’000 euros sur un livret A de la Société Générale, votre argent émet l’équivalent de 403 kilos de CO2. La London School of Economics propose même d’aller plus loin en demandant aux banques de prêter à un taux avantageux aux entreprises qui souhaitent « verdir » leurs activités. Mais en quoi tout ça concerne vos économies ? En laissant du cash sur votre compte en banque, vous permettez à votre banque d’avoir accès à des liquidités qu’elle prête à son tour à des entreprises polluantes. Les investisseuses et investisseurs suisses placent souvent leur argent dans des entreprises dont le taux d’émission de CO2 est important, même si elles et ils n’en ont généralement pas conscience, car les banques affichent très peu de transparence sur l’impact de leurs investissements sur le climat. Que pouvez-vous faire ? Comme il n’y a pas de règles contraignantes sur la façon de rendre compte des risques climatiques, peu d’instituts financiers analysent ou mesurent l’impact de leurs activités financières sur le climat. En tant que client·e, vous pouvez (devez) prendre les choses en main, poser les questions à votre banque et/ou commencer à investir durablement. En attendant d’avoir une application similaire à celle de Rift, vous pouvez toujours calculer votre empreinte écologique personnelle auprès du WWF. En conclusion ? Tout flux financier a un impact climatique. Que cela soit au sein de notre consommation quotidienne, de notre épargne, de nos placements (ou de nos non-placements !), nous sommes, chacun·e, responsables de l’impact de nos choix (ou de nos non-choix) sur l’environnement. Poussons les services financiers à prendre leurs responsabilités et à se voir attribuer une partie des émissions de CO2 des entreprises qu’ils financent ! Etant au cœur même de l’économie, les banques ont un rôle essentiel à remplir : elles doivent cesser de soutenir les entreprises climaticides et réorienter les flux financiers vers les entreprises durables. J’espère qu’après la lecture de cet article, vous utiliserez ces informations pour mesurer la performance de vos placements d’un point de vue climatique, poser les bonnes questions, et vous assurer que vos économies sont utilisées pour soutenir les entreprises qui agissent en accord avec vos valeurs. Et si malgré cela, vous ne savez toujours pas comment vous y prendre, n’hésitez pas à me contacter pour en discuter ! Petite astuce: en matière de calcul d'empreinte carbone aux entreprises et pour le secteur financier, la solution bilan carbone de la startup Greenly permet de calculer facilement ses émissions grâce aux données comptables et bancaires, pour pouvoir ensuite agir en fonction des posts d'émission prioritaires !
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Novembre 2024
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